« Wokisme » : post-structuralisme, déconstructivisme… Courte impression du fonctionnement logique et rhétorique qui questionne

Entreprenons de qualifier et de définir, ce que l’on nomme le « wokisme ». En dépeindre son fonctionnement logique, et son application rhétorique.

La « pensée » dite « woke », est aujourd’hui vécue comme un revers de bâton américanisé (incubé type Evergreen College, USA) de la malheureusement nommée « French theory ». Continuité du post-modernisme formé d’un corpus élargi de courants, notamment la théorie philosophique structuraliste et son pendant post-structuraliste.  Difficile à définir et désordonnée, tentons de la représenter par plusieurs expériences de pensée.  Alliant métaphores et concrets exemples finaux, pour chercher le fil logique et l’application rhétorique de son expression dans le monde contemporain. 

Ainsi : il semble que compter de 1 à 10 ou de -1 à -10 a le même but; compter la dizaine. Cette vision binaire, (soit (+)1 / (+)10 et -1 / -10) étant présupposée comme ayant le même sens de marche, hors d’un référentiel vertical.

Il semble, pour comprendre la dizaine, que les chiffres de 1 à 9 soient nécessaires. Soit, dans un syllogisme confus, 2 et 1 sont compris dans 10. Mais 2 et 1 comptés et énoncés comme 2-1-3-4-5-6-7-8-9-10 ont valeur de chiffres compris en 10 si l’on déroulait le 10 (à la manière d’un escargot de pâtisserie).

Donc, un 10 composé logiquement comme 2-1-5-3-7-9-8-4 pour atteindre le 10, que la suite permet, constituerai correctement le nombre 10, puisque si on « l’ouvrait », ces chiffres s’y retrouveraient. 

 La suite logique 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10 est exprimée et révélée comme le moyen de comprendre le 10 en lui donnant naissance, en le permettant. Et non en le considérant né avant exposition et énoncé du 1. Ainsi, le 1 permet le 10, lui étant précurseur; davantage que le 1 n’est un outil pour le 10 de préexister en 10.

 Alors, la hiérarchisation verticale pour grandir de 1 à 10 est préemptée, pour ainsi dire, par la raison logique. Comme un arbre poussant de la racine aux branches. Mais cette logique devient questionnable et contestable si l’on considère, finalement, que c’est la branche qui tient l’arbre. Étant elle-même considérée comme « valeur » ou « notion » préexistante à l’arbre. Si l’arbre est un 10, les racines sont le 1 et le tronc le 2… Ainsi pour qu’un arbre pousse il s’épanoui comme : 1 racine – 2 tronc…jusqu’à 9 étant le fruit ou le bourgeon, et 10, l’arbre entier. Ainsi, admettre la proposition 2-1-3-4-5… a déjà métaphoriquement déraciné l’arbre et posé le tronc mort.

 Finalement, dans un système logique chaotique, les arguments établis homoarchiquement permettant une hiérarchisation, se trouvent combattus par des arguments hétérarchiques. Cette hétérarchie, se transformant, le plus souvent, (en réponse à des besoins sociologiques humains basiques d’ordre dans les structures) en une hiérarchie inversée. Ou, une anti-hiérarchie. 

Soit, un relativisme structurel permettant et encourageant de facto logiquement, la négation philosophique du tout par le tout, rendant potentiellement nulle, non-avenue, ou légitimement « déformable » n’importe quelle proposition construite hiérarchiquement. Accueillant ainsi la dégénérescence en chaîne du système comme un résultat ni plus souhaitable que non-souhaitable, qui ne contrevient en rien à la survie intrinsèque du système logique lui-même.

Cette dégénérescence entretien à égalité dans son mouvement, le constructif et le décadent. Ainsi 1-2-3 aura existé, avant d’entrer en décadence par la suite (1-2-3)5-8-6-9–7-4.

 Cela pouvant se retrouver à l’infini. Comme le chaos rhétorique signifie hasardeusement la présentation logique, avant de dégénérer; permettant dans l’argumentaire la reprise de la logique avant d’à nouveau se perdre. (Soit (1-2-3)-4-6-8-7-9-(2-3-4-5)-7-6-9-8…)

Continuons. 

 Revenons au fait que 1 et -1 soient considérés relatifs et permettent d’aller en 10.  Soit 1_2_3_4…10  et -1_-2_-3_-4…-10

 Cette binarité + / – étant relative, soumise à interprétation, la suite pour compter en 10 suivante : -1_2_-4_3_-5_-8_7_-6_9 est admise car tous sont compris en 10. Qu’il soit (+)10 ou -10.

Alors en philosophie morale, le nihilisme devient optimisme et le relativisme une absence d’ordre des valeurs très ordonnée.   

 Le référentiel n’est plus vertical, montant de 1 à 10, mais horizontal (semblable à un réseau de galeries effondrables). Ainsi, le « 10 » la conclusion ou le présupposé philosophique général, moral ou éthique dans lequel on navigue : l’objet à déconstruire.

C’est dans ce « 10 » horizontal, fini et englobant, que va se dérouler la logique post-structuraliste et notamment déconstructiviste.

 Dès lors, le cours logique de la présentation rhétorique est semblable à un sismographe. Variant inlassablement de haut en bas à un rythme instable et souvent imprédictible. Menant à des conclusions, des modèles construits de la déconstruction, des « 10 » ou des 9 éboulés à l’infini, galvaudés et corrompus tant les contradictions qui leur ont données naissance sont iniques ou proprement intenables. L’argumentaire est donc souvent une négation de la supposition précédente ou à venir, établie hétérarchiquement. Rendant inaudible la conclusion présentée logiquement comme construite. 

Les prémices axiomatiques (ici métaphoriquement mathématiques) à première vue coexistants sont à l’exemple de deux aimants inverses, en utilisant la force, on peut les faire parvenir à se toucher. Quoiqu’en laissant faire, ils se repousseront inévitablement.

Ainsi la valeur rhétorique de l’argumentaire dégénéré logiquement (ou logiquement dégénéré, vous commencez à comprendre…) devient difficilement entendable si l’on ne dispose pas son entendement à se comporter comme deux aimants contraints, forcés l’un à l’autre.

 

Quoique la logique permettant 1-2-3-4, (ne) permette (dans ce sens) la dérive 3-1-2-4, il reste donc trace de la première dans la seconde. Car ils sont énoncés à la suite, mais la logique de cette suite a disparue. 

 Figurativement c’est un homme en feu cherchant à s’éteindre, par le seul moyen de traverser un brasier derrière lequel un tas de cendres froides étoufferait son feu. Dans son entreprise, brûlant davantage, à chaque passage dans le brasier et n’atteignant jamais les cendres qui l’étoufferaient de son plein gré. Il ne s’éteindrait alors que lorsque le brasier s’éteindrait lui-même, le consumant. 

 Cette logique ne cherche que sa mort, cette fuite en avant, course effrénée dans la dégénérescence, supplie que l’on achève son supplice. C’est en rhétorique, la mort de l’argument d’autorité par l’autoritarisme sur l’argument.  

 La vision binaire de l’inversion des valeurs devient floue. Le souhaitable et le non-souhaitable se confondent. Les arguments d’autorité établis hiérarchiquement n’ont plus de valeur. Logiquement, il est pour ceux qui se narrent de s’entendre avec eux-mêmes, impossible de compter jusqu’à 10. Ou d’accepter le 10 dans sa construction intégrale. Ils passent de 2 à 7 puis de -1 à -9 cherchant le 10 dans un seul et même « sens ». Si l’on traite de morale ou d’éthique par exemple, trouvés parmi les lieux privilégiés de l’action du discours post-moderne; la « classification » des valeurs et de leur interprétation n’est plus hiérarchisée verticalement. Il est possible d’aller dans un sens, horizontal, et de varier dans son interprétation des valeurs morales ou éthique à chaque instant. 

 Le développement de leurs arguments logiques et de leur expression devient alors semblable à un sismographe. Variant inlassablement dans une course effrénée vers un horizontal infini où les variations sont interprétées comme égales à toutes et en tout. Succession d’arguments et d’anti-arguments (et non de contre-arguments), faisant sauter le curseur de bas en haut.

 Ainsi le sex importe mais sans enfanter, ainsi l’Humanité importe mais il ne faut pas se sacrifier. Ainsi l’identité biologique est un fascisme mais l’identité « alter-sexuelle » un pré carré de la vertue d’intelligence introspective. Ainsi la France est une idée relative mais son territoire nous protège, ainsi l’homme oppresse donc la femme devrait oppresser davantage, l’argument religieux de l’étranger une richesse inexorable et celui de l’autochtone une tyrannie. 

 Alors le corps disgracieux est élevé, la négligence est un effort, le criminel une victime, le beau est laid, le laid beau, le vrai faux, et le faux relatif. 

Naviguer dans les systèmes, les codifications subséquentes et les interprétations des règles est une nécessité de l’esprit humain bien fait. C’est chose entendue. Cependant, le problème réside en cette matrice, c’est l’effet de systématisation de l’affirmation produite par son contraire, qui perd tout à coup, de sa relativité.

 On ne monte pas l’escalier si l’on ne saute à chaque fois que sur la première marche, pour détruire la seconde.