Lettre à l’Homme rampant

Nous assistons à une subversion de l’essence de ce que signifie en somme, l’Homme dans son aboutissement transcendantal.

D’un esprit, d’une raison qui en nous s’installe.

Son lieu, sa propre empreinte, s’imposant : se définit. Si l’orthogonalité de notre position humaine ne peut se définir, il n’y aura alors ni croissance ni verticalité. Le progrès ne serait plus qu’un segment sans principe orthonormé. Une perte ainsi d’abscisses jointes autrefois en croix, haute la visée, dans un idéal de surpassement.

Simplement, nous ne pouvons avancer sans primordialement nous situer. 

À quel Esprit appartient-il de reconnaître le bon du mauvais, le juste de l’injuste, la croissance de la chute ? En vue de quel principe immuable devrions nous donc ajuster nos positions, étalonner notre développement ?

Au-devant l’Homme esseulé raisonne : souvent la relative phénoménologie divergente et fallacieusement discursive. Une épistémologie toute hétérarchique réprouvée. De la conscientisation du sujet ad hoc, démembré, réarrangé, le rhizome philosophique, concours de la discordance d’une éclosion explosée.

Le lieu d’exil, où, le milieu dans lequel nous évoluons n’est qu’un plasma anté-objectif, anti-matériel, un référentiel refusant l’inféodation à toute sorte d’observabilité verticale.

Un océan gluant disruptant toute réfraction, le marastique lieu d’où rien ni personne ne reconnaîtrait la forme du geste… Le creuset de la distorsion, celui qui prédaterait, le proto-défigurement. 

« Agrafé à la face le masque concave qui nous dévisage, qui nous crève les yeux et nous prête les siens. Des larmes acides faisant fondre des joues de chair pour s’y mêler comme le plastique brûlé. 

Les paupières encloisonnées, les yeux révulsés qui se regardent l’intérieur. 

Une implosion, un effondrement, un échouement appesanti, le coffre lourd de joyaux un corps enflé de boyaux. »

Qui initia, qui conçut, qui entraîna… Où aboutit la perversion matricielle; la machine alambiquée qui distille les esprits, les âmes et les coeurs ? 

Qui de l’essence éventée ou du parfumeur fit croire à la bonne odeur ?

Subjuguer l’intelligence du sublime, aveuglée; inique et superficielle la sensibilité détrimentaire à la raison établie : qui est substrat in situ dans l’Esprit.

Il n’y aura ni retour ni progrès, mais perdition. Car en Vertu l’invention est une transgression. Non de la tradition, mais de l’immuable, non d’un passéisme, mais de l’intemporel.

Du reste, c’est enjoliver une convenance contre le splendide, dire du laid qu’on ne l’a pas vu, et du désordre qu’il correspond. Tout moment T d’un grand chaos, l’observation d’une conjoncture sans bas ni haut; en quoi toutes choses paraissent alors êtres à l’endroit. 

On ne quantifie l’inquantifiable, autrement c’est croire quantique ou bicéphale l’endroit unique et substantiel, le moyen par lequel l’Homme exhorte son âme : L’usage de l’Esprit, les 7 vertus cardinales. Toute naturelle la raison qui procède. Sans fatalisme, sans déterminisme, et sans surtout y confondre tout du libre-arbitre et de l’intention. Mais aussi elle jauge; intransigeante la bonne morale. La corde lige aux voiles relie. Mais si pervertie, toute intervertie : le vent ne souffle pas dans les cordes, c’est le pendu qui vacille. 

D’autre part sans but vraiment, les égotistes fabriqués en sémantique – étude des signes – un grand calcul trans-discipline, qui croient s’adjurer le rétrécissement d’un monde jusqu’à tenir en leur sein. Le tout voué au propre, l’extrait totalisant d’un homme-humanité « que Dieu me ressemble pour que j’y jette l’opprobre ». Un syncrétisme d’abstractions, la spéculation – leur oraison, la prétention un camouflage, une aporie. Un narcisissme d’incurie.

Ils s’accaparent ce qu’on leur prête, ils prennent l’outil pour le forgeur, ils croient son poids varier selon leur poigne. 

Répétition; dans la pulsion, la gestation de ses convulsions, atermoiement de ses conclusions. Sentiments, émotions et confusions, une effusion : l’imprécation des solutions.

Vivre n’est qu’une omission, une directive sans direction. L’intention du dérisoire, la vertu d’un vaniteux. Chercher seule l’expérience du soi adipeux.

On voit dépictée dans la peinture de ruines, des Capriccio italiens : la colonne brisée, couchée proche de son piédestal… D’aucuns diraient « Elle n’est jamais tombée c’était un banc » Au stylite, à l’architecte, il y eut un plan.

Du décrépit au rampant, des adultes qui marchent comme des enfants sur quatre membres. 

La colonne vertébrale horizontale. Sans jamais se rectifier ni s’adosser. Sans poindre sans ériger; en eux-mêmes complètement vautrés. Ils croient à plat ventre avoir une grande stabilité.

Le visage dans la boue, voilà partout bien réparti le poids de mon être. 

Comme cela leur raison, leur fondation, leur équilibre. Quel ancrage, quel humanisme, quelle sagesse. On pourrait presque marcher dessus, en faire un escalier incongru.

Ce grand foetus l’Homme avorté. Le quadrupède cyphosé, qui sur lui-même s’enroule pour disparaître par son anus : avalé, comme une nouvelle naissance pour se ré-accoucher lui-même. Voilà pour eux la déchéance, en eux-mêmes ce rampement, leur cheminement – comme vers une porte de paradis. 

Au bout j’entrevois, par la torsion de l’être à qui osera plus loin que moi, susciter l’image que je fantasme – celui qui croit : « Que l’on me ressemble est la plus grande des fins en soi ».

« Thuriféraire sans encensoir, je monte en grâce dans l’entre-soi. J’ascensionne parmi les toits. »

Ceux qui jamais ne meurent à eux-mêmes, se romantisent et se succèdent. Un verre vidé chancelant mimant la danse. L’imbu vampirisant des glandes.

Qui pour toutes les mauvaises raisons, se laissent happer dans l’orbite de leur propre attraction.

Par l’Homme cela, n’est comme toujours dans son état, qu’un déplorable réplicat.